Alors que la diversité des morphologies fait son apparition petit à petit sur les papiers glacés, que ce soit dans les magazines, les calendriers ou encore les campagnes de pub, il faut admettre que nous sommes encore bien ancrés dans une volonté forte de catégoriser les beautés. D’une part la beauté naturelle qui implique que tous les corps sont beaux, tous différents, que nos imperfections n’en sont pas vraiment et d’autre part la beauté culturelle, celle à qui l’industrie de la mode impose l’idée d’un canon de beauté aux mensurations idéales. Des corps sous le contrôle des pulsions et des émotions, projetant une image d’un modèle inaccessible pour près de la moitié de la population féminine européenne et qui finalement ne repose sur rien, si ce n’est, il semblerait, une volonté d’asservir la femme en établissant une relation de pouvoir en lui donnant le sentiment d’être anormale. (ah oui, revenons-en à la libération de la femme en fait! la bonne blague du siècle dernier!) j’exagère me direz-vous..ah, et vous appelez ça comment vous une mannequin taille 38 catégorisée grandes tailles?
Quand on pense que nous sommes dans une société de consommation de l’image à outrance, souvent nous tentons de véhiculer une première impression, un premier message avec notre tenue vestimentaire. Il faut déjà passer le cap du premier regard désapprobateur à cause du surpoids, si en plus nous nous sentons étriqués et insipides dans nos vêtements, comment réussir à avoir le sentiment de pouvoir communiquer avec les bons mots si dès le départ sans avoir l’impression de donner le sentiment du « gros = laisser aller = peu fiable »? Le résultat est simple: soit nous nous tournons vers les shops en ligne, soit nous achetons ce que nous pouvons…non parce qu’il faut aussi souligner qu’en dehors du manque des représentations des différentes tailles, et là je parle aussi bien pour les tailles au-delà du 40 que pour celles sous le 36, les grandes et les petites, est quand même extrêmement pauvre esthétiquement parlant. Je reviens justement sur le point évoqué plus haut du H&M. Certes, ça n’est pas mon enseigne favorite, mais quand je vois le nombre d’articles proposés sur l’e-shop et ce que je trouve en magasin, je ne comprends plus! Du noir, du gris, du large et du basique. Et où sont les volants, les dentelles, les combinaisons, les tops à basques, les imprimés fleuris? sur internet. C’est assez déplorable tout de même, parce pour ma part, si je dois me tourner sur internet et payer un supplément de frais de port alors je me tourne vers d’autres e-shop qui proposent des choses plus originales encore…ah oui tiens, les frais de port, donc finalement, c’est plus lucratif de vendre sur le net, pas de vendeuse, pas de déco de rayons, pas de soucis de transport, juste un stock, un carton et un frais de port…vous voyez où je veux en venir? le pognon, encore et toujours lui. Le sourire de la cliente satisfaite a totalement été supplanté, c’est finalement assez vicieux tout cela.
Il y a là un réel blocage qui pourtant pourrait très facilement être résorbé le jour où la mode grandes tailles cessera d’être considérée comme un atout marketing. Dans la même lignée que le body positive qui s’instaure un peu partout quelle que soit sa taille, le fait de conserver une étiquette « grandes tailles » continuera d’instaurer un système hiérarchique alors que l’idée est bien d’inclure tout le monde dans cette mouvance body positive. Pourquoi tout le monde ne figure pas côte à côte dans les magasins ou les magazines alors? (comme dans la rue finalement non?) Ce jour là où on cessera de catégoriser entre « tailles standards » et « grandes tailles », on cessera surtout d’apporter de l’importance au chiffre noté sur une étiquette parce que réduire un corps à un numéro est tellement dépersonnalisant et avilissant. Il faut tout de même avoir conscience de la dureté du paradoxe de la situation: vous aussi vous les connaissez ces amies qui une fois qu’elles atteignent la taille 40 se forcent à des régimes draconiens pour perdre ce « poids ». Et vous aussi selon l’enseigne, votre taille peut varier de 2, 3, 4 chiffres voir plus parfois. Finalement, par rapport à quoi se définit la grande taille?
Pour le mot de la fin, j’avais envie de vous partager cette infographie réalisée auprès de leurs followers du site Ma Grande Taille que je trouve finalement assez parlante. Pour ma part, je ne suis pas toujours d’accord avec la forme employée mais les messages de fond sont tellement important que je vous invite à découvrir cet acteur virtuel de la grande taille.
PS: Et si on parlait de la mode grandes tailles hommes un jour?
Si le sujet vous intéresse, je vous invite aussi à rejoindre la page facebook French Curves, la page facebook du mouvement EveryBody du magazine au féminin en plus de celle de Ma Grande Taille